Terminer une œuvre

Depuis une semaine, messieurs-dames. Depuis une semaine mon œuvre est terminée. Le troisième et dernier volet des aventures torrides, violentes, hypersexuelles et sanglantes de Karine est disponible au format papier et numérique un peu partout. Eh ben !

Mais rassurez-vous, cet article n’est pas à but promotionnel. C’est davantage une réflexion personnelle sur comment je vois mes créations et si je veux les considérer achevées ou non. Karine me servira de support, de cas d’étude pour appuyer cette réflexion. Après, si vous avez été accroché voire émoustillé par la description dans le paragraphe précédent, vous pouvez vous rendre ici : https://www.stephanebehr.fr/trilogie-karine/ pour découvrir le premier chapitre de chaque tome et commander vos copies en quelques clics. Allez-y, je ne bouge pas, je vous attends pour la suite.

5 ans déjà

Cela fait cinq ans que j’ai commencé à embrasser l’idée d’être, moi aussi, un beau jour, un auteur de romans. À vrai dire, cette pensée est un peu plus vieille que ça en réalité. Mais après avoir perdu du temps et n’avoir pas vraiment trouvé la force de créer une histoire de science-fiction originale, je me suis tourné vers le thriller érotique. J’imaginais alors les tribulations d’une agente de la DGSE embarquée dans une lutte terrible contre Daesh. Et ça, c’était il y a cinq ans.

Et du coup, cette question d’œuvre achevée ou non devient soudain légitime. Parce que bon, achever un travail qui aurait demandé quelques mois d’efforts, ce n’est pas la même chose qu’arriver au terme d’un voyage d’une demi-décennie.

Et je ne sais pas encore si je me relancerai un jour dans ce genre d’épopée. Mais justement, revenons là-dessus.

Youpi, c’est fini ?

Ça fait sans doute un peu cliché, mais j’ai bien ressenti une joie, une satisfaction particulière de me dire : ça-y-est, putain, t’es un auteur ! Bon, tu vends pas grand chose, mais t’as écrit une trilogie tout de même. Et ça, c’est pas rien !

Au-delà de cette espèce de sentiment d’accomplissement, il y a un écho ténu, mais bien présent qui résonne dans ma tête. Un murmure, une voix faiblarde qui me chuchote : et si c’était pas fini ? Et si tu n’en étais qu’à la moitié du chemin ? Cette envie insidieuse de trouver un prétexte, une pirouette scénaristique pour repartir sur un quatrième volume, voire sur une nouvelle trilogie et des années de plus à m’embrouiller avec ma créativité, Word et Antidote.

La bouchée de trop

Mais j’ai vu les derniers Terminator, j’ai vu les derniers Alien, les derniers Star Wars — bon, ça, c’est faux, j’ai pas encore vu l’épisode IX. Et si je devais apprendre quelque chose de tout cela, c’est qu’à vouloir répondre à cette petite voix qui nous appelle à prolonger une œuvre au-delà de sa conclusion, on court le risque de rater ces nouveaux chapitres, ces nouvelles intrigues. Ou tout simplement d’être redondant, d’user et d’abuser des mêmes constructions scénaristiques et finalement livrer quelque chose de décevant qui portera atteinte à la qualité de l’œuvre dans son ensemble.

Qui… moi ?

Pour commencer, Karine devait se terminer à la fin du premier tome. Après quelques mois, je me suis mis au charbon sur une suite qui devait encore une fois être la conclusion du bazar. Puis, la maison d’édition m’a gentiment demandé de faire un troisième épisode. Si — et aujourd’hui je n’ai pas encore la réponse — les lecteurs jugent que la trilogie se tient bien et que la qualité ou l’attrait n’a pas baissé au fil des livres, je pourrais déjà m’estimer vachement chanceux.

Recommencer autre chose

Alors on peut aussi se dire qu’on va laisser cette conclusion comme elle est — pas de spoil ici, promis —, même si ça nous chatouille et que cette petite voix dans notre tête est particulièrement insistante. On peut essayer de changer de thème. Partir, par exemple sur Mars, dans un récit d’anticipation — tout public — qui se déroulerait dans plusieurs milliers d’années. Raconter la dure vie d’un frère et de sa sœur sur le point d’intégrer une mission de colonisation planétaire incroyable, loin de toute autre civilisation humaine et en proie à des dangers inconnus.

C’est drôlement spécifique, hein ?

Et même après m’être concentré là-dessus pendant des mois, avoir produit un texte que je trouve subtil, sensible, teinté d’émotions, d’aventure et de passages tantôt épiques, tantôt intimes, je repense toujours tendrement à Karine et sa bande qui m’ont accompagné pendant de longues années.

Tout est connecté

Après une longue réflexion, je pense que, pour moi, la meilleure façon de ne pas trop me laisser envahir par cette question concernant l’achèvement de ma création, ni par cette petite voix dans ma tête qui voudrait que je reprenne immédiatement la plume, est de ne pas considérer la série Karine comme une œuvre isolée. Tout comme mon manuscrit de science-fiction n’est finalement pas non plus isolé. Ces quatre romans s’inscrivent dans un tout, dans ce qui est mon œuvre et que je ne compte pas arrêter tout de suite.

En ayant cette vision à l’esprit, je ne m’interdis pas de revenir un jour explorer le passé de Clémence, d’Hervé, et, pourquoi pas, écrire moi aussi ma Trilogie H2G2 en cinq volumes.

J’aurais aussi pu prendre l’œuvre d’Asimov en exemple, mais je préfère tellement Douglas Adams !
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